A mon père


Tu es parti depuis suffisamment longtemps maintenant pour être installé solidement dans mes souvenirs. Je peux publier aujourd'hui, ici, ce que j'écrivais au jour de ton dernier voyage, comme un témoignage de ce que je te dois.

 

 


 


Le téléphone a sonné. J’ai su, tout de suite. Quelque chose de grave, d’irrémédiable. J’ai su tout de suite. Puis ces mots qui résonnent encore en moi : « ton papa est mort » 

Ton papa est mort…. L’inimaginable, l’insupportable nouvelle.

Ton papa est mort…. Maman est en larmes, autour de moi l’espace se fait poussière et je m’enfonce.

Ton papa est mort…. Aucune révolte en moi, aucune larme pour le moment. Juste cette chape de silence et de froid qui s’abat, m’enveloppe et m’isole du monde extérieur. Je me replie, me recroqueville, me referme sur ces quelques mots qui lentement prennent leur sens.

Mon papa est mort…

Tu es donc parti, de l’autre côté du miroir, de l’autre côté de la vie. Et brutalement, tout ce qui n’a pas été parce qu’on croyait avoir le temps devient regret.

Ces mots que l’on ne t’a pas dits alors que tu les attendais

Ces gestes que l’on n’a pas eus

Ces moments que l’on ne t’a pas offerts alors qu’ils t’auraient donné tant de plaisir

Ces regards que l’on n’a pas portésPapa.jpg

Ces mille petites choses de rien du tout qui te rendaient si heureux.

Tu es donc parti

Parti comme tu as toujours vécu, discrètement, silencieusement, comme si une fois encore, une dernière fois tu faisais bien attention de ne déranger personne.

Tu es parti.

Mais cette fois je te le dis avec tout l’amour que j’ai pour toi, toi qui ne voulais jamais faire de peine, tu nous en fais une immense ! Incommensurable !

Maintenant je cherche des mots simples, aussi simples que la douleur est grande, aussi simples et aussi évidents que l’a été toute ta vie. Je sais que je ne les trouverai pas ces mots là : je ne saurai pas dire cette humanité profonde qui t’animait, je ne saurai pas dire ta générosité, ta droiture, ta rigueur morale, ce respect immense de l’humain, de la peine et de la douleur de l’autre.

Je ne saurai pas dire que je me suis construit sur ce que tu étais, que je suis fier de ton héritage, que je suis fier de toi, fier de mon papa.

Je ne saurai pas dire non plus que ces mots là, je pleure aujourd’hui de n’avoir jamais été capable de te les dire.

Tu es donc parti… Nous, nous restons.

Je sais que tu nous dis de continuer et de vivre.

Je sais que tu veux que nous soyons forts de ce que tu as été, avec en nous cette magnifique leçon d’humanité.

Tu es donc parti…. Mais pour nous qui restons, avec la vie encore devant nous,  nous te devons de faire en sorte qu’il y ait encore des espoirs, des rires, des bonheurs possibles.

Je sais que tu vibreras en nous tant que nous vivrons, que toujours tu seras dans chacune de nos pensées, dans chacun de nos gestes comme un inspirateur avisé, un guide bienveillant, un juge tendre et paternel.

Tu vois, je te l’ai dit, je n’ai pas les mots…Ou plutôt les mots ne disent pas les grandes peines, les grandes douleurs.

Maintenant, au moment de te quitter, je voudrais trouver le mot ultime.

Je ne peux te dire «  au revoir » car hélas il n’est pas de  lieu  pour des retrouvailles dans des temps improbables.

Alors quoi ?

Alors rien. Rien papa.

 

Nous sommes tous poussières d’étoiles. Tu vas bientôt retourner dans le vaste univers et reprendre place dans l’éternel ballet de la création.

Aujourd’hui papa, tu redeviens poussière d’étoile, et plus jamais je te l’assure, je ne regarderai le ciel comme avant.

           

 

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05/01/2013
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