Dieudonné: les libertés mises à mal.


Pardon d’y revenir, mais cette « affaire » Dieudonné me préoccupe.

Même si le ministre de l’intérieur pense que le problème est résolu ce que confirme l’intéressé devant la presse, je crois que nous sommes face à une énorme mystification.

La société française, avec apparemment bonne conscience, vient d’enfouir profondément sa tête dans le sable. Grâce à Valls, nous avons perdu une occasion de nous regarder et de réfléchir à la dérive intellectuelle de nombre de nos concitoyens. Nous avons été privés d’un débat qui aurait pu être salutaire. Au lieu de cela, la posture autoritaire d’un ministre ambitieux qui, avec la complicité du Conseil d’Etat, a congelé le problème par une décision qui n’est rien moins que  l’instauration de la censure.

La décision du Conseil d’Etat qui ose préciser dans le quatrième considérant de son ordonnance que  « l’exercice de la liberté d’expression est l’une des conditions de la démocratie et l’une des garanties des autres droits et libertés » est la porte ouverte à tous les abus d’autorité. Compte tenu de la décision prise, on se demande bien la raison de ce rappel.

La déclaration des droits de l’homme (je rappelle qu’elle figure en préambule de la constitution) est à ce propos explicite. « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi ». Je ne vois vraiment pas ce qui dans ces textes pose qu’il est possible de décider à priori que des propos non conformes à la loi seront tenus. Il y a lieu d’attendre que l’infraction soit commise avant d’intervenir et sanctionner.

Plus grave encore, cette phrase : « il appartient en outre à l’autorité administrative de prendre les mesures de nature à éviter que des infractions pénales soient commises »… Balayée la présomption d’innocence. La condamnation à priori devient la règle. On invente le délit d’intention. Cette décision du Conseil d’Etat justifie et instaure, de fait,  la censure dans ce pays. Elle vise aujourd’hui un individu et un spectacle, d’aucuns diront qu’en la matière c’est légitime, sans considérer qu’un dangereux précédent est ainsi créé, une porte ouverte dans la liberté d’expression, dans la liberté tout court !

La passivité et l’approbation silencieuse des français est à cet égard inquiétante. A chaque parcelle de liberté supprimée, on trouve toujours une légitimation. On pense toujours que ce n’est pas si grave. Ignorance ? Veulerie ? Ce laisser aller pourrait faire le lit d’un totalitarisme qui ne dit pas son nom.

Coluche (j’ai réécouté l’intégrale de ses sketches hier) disait en substance que le président de la République est bien gentil de nous laisser nos libertés, car s’il décidait de nous les enlever, personne ne protesterait… A méditer.

 

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12/01/2014
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