L’ardoise de 20 milliards laissée par Nicolas Sarkozy



On comprend mieux à la lecture de cet article pourquoi Le candidat sortant a tout fait pour "noyer le poisson" en mettant tout en oeuvre pour ne jamais aborder le bilan de ses 5 années de pouvoir. Beau cadeau empoisonné laissé par Sarkozy et son équipe de "prestidigitateurs". Et ils osent moquer la gestion des socialistes!


Il manquerait 20 milliards dans les caisses pour atteindre l'objectif des 3% de deficit de PIB en 2013. Cette petite ardoise de Nicolas Sarkozy est la plus importante des bombes laissées en héritage. François Hollande devra choisir. Soit se conformer a cet objectif et augmenter les impôts d'autant. Soit renoncer à la parole de la France, en pointant du doigt son prédécesseur. L'audit de la Cour des comptes devrait l'y aider.

 

La Commission européenne n’aura pas attendu la passation de pouvoir pour saluer, à sa manière, le nouveau locataire de l’Elysée. Dès le 11 mai, Olli Rehn, son vice-président chargé des Affaires économiques, menace : les comptes publics français seront déficitaires à hauteur de 4,2 % du PIB en 2013, au lieu des 3 % imposés par le nouveau traité, et promis par la France. Bien sûr, cette sortie des clous, c’est un peu à cause de la croissance : en 2013, la hausse du PIB français devrait atteindre 1,3 %, contre 1,7 % anticipé. Mais ce différentiel de croissance n’explique que 5 milliards d’euros. Outre les bombes des plans sociaux gelés avec l’élection, celle de la nationalisation de Dexia (cf le Marianne de cette semaine en kiosque), cette petite ardoise de 20 milliards constitue sans doute le plus important des cadeaux empoisonnés laissés par Nicolas Sarkozy au nouveau pouvoir. 

Car si il tient à se conformer à la promesse faite à Bruxelles par Nicolas Sarkozy, promesse reprise par le nouveau chef de l’Etat, François Hollande sera obligé de trouver l’équivalent soit en recettes soit en moindres dépenses… A moins que la Cour des Compte, qui doit être prochainement saisie d’un audit sur l’état des finances publiques ne vienne sauver la mise à François Hollande… 

 

« En vérité, le gros de l’ardoise, c’est la vingtaine de milliards d’euros de nouveaux impôts que le gouvernement a prétendu avoir votés, alors qu’il n’en était rien », décrypte Michel Sapin, le monsieur économie du candidat PS et aujourd’hui ministre du travail. Revoilà donc la polémique qui avait opposé les deux camps durant toute la campagne. Les socialistes, au premier rang desquels Jérôme Cahuzac, président de la commission des Finances de l’Assemblée, ont sommé le gouvernement Fillon de détailler ces 20 milliards d’euros d’augmentations d’impôts pour 2012-2013. Car pour être bien inscrits dans le cadrage budgétaire envoyé à Bruxelles, ils n’en étaient pas moins virtuels selon eux puisque non votés durant l’un des multiples plans de rigueur de la fin du quinquennat. Il ne s’agissait pas d’un simple argument électoral. Pour respecter les clous bruxellois, l’objectif de 3% de déficit en 2013, Hollande a naturellement –naïvement ?- fait figurer ces 20 milliards dans son programme. A ce premier étage, il prévoyait d’en ajouter un second de 29 milliards d’€ « purement socialistes ». Sauf que Nicolas Sarkozy a laissé l’ascenseur des prélèvements obligatoires au rez-de-chaussée, avec François Hollande devant.  

Le président choisira-t-il dès lors d’appuyer sur le bouton du second étage et d’augmenter les impôts non pas des 29 milliards d’euros prévus mais de 49 milliards ? Ou profitera-t-il de cette dernière malhonnêteté sarkozyste pour s’affranchir de la trajectoire budgétaire drastique (synonyme de croissance atone) dans laquelle la France s’est engagée ? 

C’est la question, cruciale, que François Hollande devra trancher dans les prochaines semaines. Le nouveau Président dispose pour ce faire d’un atout dans sa manche : l’audit de la situation du pays qu’il s’apprete à commander à la Cour des Comptes. Tout dépendra de la lettre de mission que les magistrats devraient recevoir en début de semaine. Il y a peu de chance que celle-ci se limite à la simple analyse de l’exécution du budget 2012. On sait par exemple que les enveloppes allouées à la politique de l’emploi ont été consommées par anticipation, laissant un trou pour la fin 2012. 

Didier Migaud, le premier Président de la Cour, devrait également être amené à juger de la virtualité des fameux 20 milliards d’€….ouvrant du même coup une opportunité salutaire à François Hollande pour se dégager de la promesse bruxelloise de la France. 

 



19/05/2012
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