Révolte!


Tant de détresse, tant de désespérance. Millions d’êtres humains, tous sur une route qu’ils n’ont pas choisie, tous vers un horizon sans lumière. Flétris de tant de rêves effacés, épuisés de tant de combats sans victoire. Humanité désespérante et désespérée. Perdue dans des quêtes dérisoires, épuisée dans la survie. Humanité trompée, bafouée, exploitée, méprisée, poussée jusqu’à l’absurde dans le mythe du paraître et de l’avoir. Perdue, éperdue. Sur des chemins de traverse, sans origine ni destination, à la poursuite d’ombres irréelles jusqu’à l’oubli d‘elle-même. Pantins fourbus en guenilles, esclaves courbés, usés de trop d’attente.

 

Plus de voix qui s’élèvent, plus de consciences éclairées, plus aucun phare dans cette noirceur.  Enfermés dans le carcan de la peur du pire, des humains qui ont bradé jusqu’à leur dignité. Sans espoir, ils sont sans révolte. Sans révolte, ils sont sans volonté, sans arme, sans objectif. Sans destinée.

Plus de voix qui s’élèvent, juste quelques petits joueurs de flute qui espèrent conduire la foule jusqu’au fleuve. Peuples tremblants qui s’en remettent aux sirènes. Navires ivres, écueils acérés, promesses de mille naufrages.

 

Aucun phare, donc aucune direction. Pris entre misère et épuisement, rien que le brouillard de l’illusion.

Tant de détresse, tant de désespérance dans une humanité qui craque et s’enfonce.  Si peu surnagent, si peu qui dévorent l’essentiel de tous les autres,  si peu qui accaparent matière, richesse et espace. Qui rejettent le monde au-delà des barrières de leur insupportable suffisance, de leur insondable égoïsme.

Je sens battre la colère dans les veines de cette planète, dans les poings levés de tant d’opprimés. Je vois briller les armes dans la lumière des projecteurs, sur le cuir des bottes. Ceux qui devraient protéger assassinent, ceux qui devraient guider égarent, ceux qui devraient aimer haïssent. Ceux qui devraient croire renoncent.

 

Oppressé, oppresseur, le jeu morbide de l’humain aujourd’hui. La répartition des rôles semble immuable, les armes semblent avoir choisi leurs cibles. Rien ne semble plus en mesure d’inverser le cours des choses.

 

S’il reste encore un peu d’humanité en nous, il est temps de la mettre au service de l‘avenir. Si nous n’avons que nos mots, ils s’évanouiront dans l’histoire de ce siècle. Ils resteront sur le bord de nos routes comme des témoins de notre impuissance. Nous devons redonner un visage à l’espoir, un sens à notre course. Ou nous disparaissons, ou nous nous révoltons. Révolte contre ce qui en nous sommeille et réfute, révolte contre ce qui en dehors de nous ignore et paralyse. Nous devons entrer en révolte contre ce qui est prétendument établi, tout ce qui nous est présenté comme immuable. Nous devons nous révolter contre la vérité, la vérité de l’oppresseur, la vérité comme oppresseur. Refuser ! Refuser que l’avenir ne soit que la reproduction du présent... En pire !

 

Le premier combat est un combat contre nous-mêmes. Nous reconstruire pour tout reconstruire. Abattre les murs qui nous enferment, laisser entrer la lumière et le vent.

 

Humanité brisée sur une Terre épuisée, nous n’avons que peu de temps pour dire et faire.

Ce n’est qu’en repensant l’homme et ce qui le relie aux autres et au monde que nous nous survivrons.

 

Continuons à craindre, mépriser, stigmatiser, accuser, exploiter, railler et nous nous perdrons.

 

 



28/03/2012
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